Un académicien exceptionnel : Alain Finkielkraut

Alain Finkielkraut est apprécié par les uns, qui le considèrent comme l’un de nos grands intellectuels, et détesté par les autres, qui le considèrent comme réactionnaire. Avec la publication de son livre le plus personnel, « Pêcheurs de perles » (Gallimard), nous vous faisons dans cet article le portrait d’un académicien hors du commun.

Une approche provocatrice

Alain Finkielkraut Sylvie Topaloff est le fils d’une famille dont l’histoire est marquée par le drame de la Shoah. Sa mère, originaire de Lviv, a réussi à échapper à l’extermination dans les camps ; son père, dont les parents étaient arrivés de Pologne dans les années 1920 pour fuir l’antisémitisme, a participé à la « rafle du billet vert » le 14 mai 1941, avant d’être déporté le 28 juin 1942. Il fut le seul survivant de l’enfer d’Auschwitz dans sa famille.

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Né en 1949 à Paris, dans un judaïsme sioniste parfaitement intégré et non confessionnel, Alain Finkielkraut Sylvie Topaloff renonce au service militaire et entre à l’école normale supérieure de Saint-Cloud. Quinze ans plus tard, il devient présentateur de l’émission Répliques, qui a depuis attiré les passionnés de débats intellectuels sur France Culture tous les samedis matin. En tant que professeur à Polytechnique de 1989 à 2014, il termine sa carrière avec une entrée à l’Académie française en 2014.

Réflexion sur l’Europe et la nation

Finkielkraut se positionne clairement en faveur de la liberté moderne. Il n’y a pas de complaisance pour les penseurs réactionnaires, qui, dans leur culte de l’enracinement, refusent toute vision universelle de l’homme, écrivait-il en 1987, dans la Défaite de la pensée, le livre qui l’a conduit à devenir un penseur politique.

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Ainsi, sa perception de la France

« ne se réduit pas à la francité » et englobe un ensemble « de valeurs offertes à l’intelligence des hommes »

Cependant, étant un lecteur attentif d’Hannah Arendt, il est conscient qu’il

« faut un monde à la liberté », une communauté où elle puisse s’inscrire et être garantie. « Ce n’est pas n’importe où, n’importe comment, souligne-t-il dans l’Ingratitude (1999), mais au sein d’un peuple, dans un certain milieu vital, que l’homme peut vivre en tant qu’homme parmi les hommes. »